Récemment, avec un ami, on s'amusait à énumérer les différents postes de l'administration publique créés soit pour donner une place dans l'État à un « tizanmi », ou encore pour honorer une promesse de campagne assez courante: « Depi m chèf ou deja bon ». La liste était étonnamment longue. De postes de “directeur adjoint” dupliqués, aux organismes déconcentrés complètement inutiles, on ne s’attendait pas à ce que l’exercice soit aussi fructueux. 

Cependant, de tous ces organes de l’État, il y en a un qui a tout particulièrement retenu notre attention. Non seulement à cause du dernier scandale qui a éclaboussé son titulaire, mais aussi parce que sa mission est tout sauf claire. Il s’agit de l’OPC, l’Office de protection du citoyen et de la citoyenne. Protection du citoyen! La notion est tellement vaste que nous nous sommes immédiatement posé les questions qui s’imposaient: Quel type de protection? Contre quoi? Contre qui? Comment? Et aussi, avec quels moyens? De là, toute une réflexion a pris corps et j’ai voulu la partager avec vous. 

L'Office de la protection du citoyen et de la citoyenne a été institué par la Constitution de 1987. Il a pour mission de protéger tout individu contre toutes formes d'abus de l'administration publique, statué par la loi du 20 juillet 2012, sur l'organisation et fonctionnement de l'Office. Le protecteur du citoyen et de la citoyenne est mandaté sur une durée de sept ans non renouvelables.

Ma première réaction, en lisant le descriptif, peut se résumer en un profond étonnement. Oui, j’ignorais que le pays disposait d’une telle institution, ou plutôt l’information était dans un recoin de ma tête car jugée non pertinente, puisque je ne voyais pas exactement sa raison d’être. Mais voilà, cette institution a une bien belle mission. Encore faudrait-il qu’elle ait les moyens et la volonté de la remplir correctement. Ce qui m’a amenée à une question simple : combien de fois l’Office de protection du citoyen et de la citoyenne a-t-il, valablement, pris parti pour un citoyen/une citoyenne victime d’abus ? Ou du moins, combien de fois en a-t-on entendu parler ?

Il n’y a pas si longtemps, des agents du BOID (unité fortement décriée pour ses pratiques) ont maltraité des citoyens à Lilavois, sous prétexte de rechercher des bandits qui ont assassiné l'un des leurs. N’est-ce-pas justement le genre de situation qui devrait intéresser l’OPC ? Qu’en est-il des péripéties par lesquelles il faut passer, pour obtenir un service, dans certains bureaux de l’État ? N’est-ce-pas là une forme de maltraitance du citoyen, qui a droit à un service qu’il ne reçoit pas ?

De plus, comment une institution si respectable (en intention en tout cas) pourrait-elle se faire respecter véritablement si son numéro 1 lui-même a été dénoncé pour pratiques violentes sur sa conjointe ? (oui bien entendu la plainte a été retirée, on comprend…) mais encore, comment un protecteur du citoyen et de la citoyenne peut bien remplir sa fonction, qui est de défendre les Haitiens des maltraitances de l'État, quand il est nommé directement par ce même État ? Ce ne serait pas mordre les doigts qui le nourrissent?

 

Mais bon! Nous demandons juste hein. Les questions sont faites pour être posées. Je vous promets de vous faire part des réponses si par le plus grand des hasards je trouve la lumière. Et je vous conjure de rendre la réciprocité, n’hésitez pas à partager vos éléments de réponses avec moi. Entre citoyens/citoyennes plus ou moins protégés (plutôt moins que plus), on doit se serrer les coudes, n’est-ce pas? Vous pouvez rire avec moi, la blague était bonne.

 

Stael N. Antoine  

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